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De l’investissement à la récompense

Après la Bretagne en 2023, c’est dans l’est de la France, à Strasbourg, que se tiendront cette année les 23e Rencontres nationales Art et Essai Patrimoine/Répertoire. Elles se dérouleront les 27, 28 et 29 mars, avec le soutien de la Région Grand Est et de la ville de Strasbourg, aux cinémas Le Star et Le Star Saint-Exupéry, dirigés par Stéphane Libs, ainsi qu’au Cosmos, cinéma municipal géré par l’association Le Troisième Souffle, dont la grande salle, datant de 1913, fait partie des plus belles au monde, que nous remercions pour leur accueil.

Ces trois jours se dérouleront en présence de nombreux invité·es, dont le réalisateur et scénariste Pascal Bonitzer, parrain de cette 23e édition, et seront l’occasion de découvrir en avant-première neuf films réédités dans de nouvelles versions restaurées, de voir un long extrait du Napoléon vu par Abel Gance, qui a été reconstruit et restauré par la Cinémathèque française sous la direction de Georges Mourier, mais aussi de participer à des conférences, des ateliers et des moments conviviaux. Elles seront également l’occasion de mettre en lumière le travail accompli par certains de nos partenaires, tels l’ADRC et l’Agence du court métrage, et deux acteurs en Alsace : Le Récit, Pôle régional d’éducation aux images, et MIRA, la cinémathèque régionale numérique.

Ces Rencontres constituent le temps fort de l’action que mène l’AFCAE pour développer la diffusion des œuvres classiques dans nos salles. Notre association accompagne chaque année une vingtaine de rééditions et rétrospectives qui sont choisies par le groupe Patrimoine/Répertoire, composé d’exploitant·es et programmateur·rices de toute la France. C’est à la fois beaucoup et peu quand on sait que plus de 200 films sont ressortis sur les écrans en 2023, preuve de la dynamique du secteur. Il faut aussi ajouter à ces soutiens ceux qu’apportent à d’autres films le groupe Jeune Public et le Comité 15-25. Grâce au travail au long cours des salles engagées, l’intérêt croissant des publics jeunes se fait sentir, et s’intensifie année après année.

Le groupe Patrimoine/Répertoire, que j’anime depuis presque huit ans, d’abord avec la complicité de Régis Faure, puis avec celle de Sabine Putorti, se réunit régulièrement dans l’année pour déterminer ses soutiens. Notre ambition est de promouvoir auprès des salles non seulement les classiques, consacrés par le temps, qu’il faut montrer inlassablement, génération après génération, mais aussi les grands films rares ou mésestimés, voire les œuvres complètes de grands cinéastes. En cela, par nos choix, et à notre niveau, nous participons à une relecture perpétuelle de cet art vivant qu’est le cinéma.

Aujourd’hui, nous sommes unanimes sur un point essentiel : montrer des films de patrimoine nécessite un plus grand investissement de temps et d’idées que pour les films de l’actualité. Il faut événementialiser ces séances, et travailler sur la durée, pour récolter parfois de maigres fruits. Mais l’obstination finit toujours par payer et de nombreuses salles obtiennent à terme d’excellents résultats. Il faut peut-être aussi faire confiance à ces films qui peuvent parfois générer plus d’entrées que les films nouveaux, pour preuve les récents résultats accomplis par Le Nom de la Rose de Jean-Jacques Annaud.

Seule une politique volontariste des exploitant·es peut amener ce cinéma de patrimoine auprès du public, aujourd’hui en manque de repères et de prescripteur·rices. D’ailleurs n’est-ce pas pour agir, inciter à la curiosité, ouvrir à des horizons insoupçonnés que les salles s’engagent dans notre mouvement ? Et quelle meilleure récompense pour un·e exploitant·e que de voir le ravissement de ses spectateur·rices devant un film restauré et projeté dans les conditions optimales que permettent le grand écran et la salle de cinéma ! Il devient aussi maintenant déterminant de reconnaître le travail de celles et ceux qui s’investissent à longueur d’année.

C’est pourquoi l’AFCAE, dans le cadre de la réforme Art et Essai, demande plus de sélectivité et une meilleure prise en compte du volet animation, au sein duquel le cinéma de patrimoine occupe aujourd’hui une place très importante. En effet, il faut du temps, de l’énergie, mais aussi des moyens pour mener cette mission d’intérêt général, et nous avons bon espoir que le CNC saura nous entendre pour mieux soutenir encore les salles les plus dynamiques dans ce domaine.

Nous espérons que ces journées à Strasbourg viendront vous encourager, vous apporter de nouvelles idées ou plus simplement, vous donneront l’envie de rejoindre les 439 établissements ayant obtenu le label en 2023 et ceux plus occasionnels qui travaillent déjà dans ce domaine. Montrer des classiques, les accompagner, constitue la meilleure école pour construire la cinéphilie des spectateurs et spectatrices, et c’est en cela qu’il faut encourager les plus jeunes à y participer. Nul doute que ces actions contribueront à faire de vos cinémas des lieux de vie, d’apprentissage et de savoir.

Merci aux participant·es et intervenant·es de ces journées, à notre parrain Pascal Bonitzer, à tous·tes celles et ceux, professionnel·les et bénévoles, qui rendent ces Rencontres nationales Art et Essai Patrimoine/Répertoire possibles.

Éric Miot
Responsable du groupe Patrimoine/Répertoire

Edito

De l’investissement à la récompense

Après la Bretagne en 2023, c’est dans l’est de la France, à Strasbourg, que se tiendront cette année les 23e Rencontres nationales Art et Essai Patrimoine/Répertoire.

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