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Nous partîmes cinq…

… mais par un prompt renfort, nous nous vîmes 1 250 en arrivant à Cannes.

En 1955, cinq salles parisiennes déposaient les statuts de l’Association Française des Cinémas Art et Essai pour se différencier d’une exploitation uniquement portée sur les questions économiques. 70 ans plus tard, nous sommes 1 250 adhérent·es à promouvoir une autre façon de diffuser les films issus de la diversité de la production mondiale et d’animer les salles partout sur le territoire. Parce qu’il incarne également cette diversité, et puisque nous y sommes accueillis depuis de nombreuses années, il est tout naturel que le Festival de Cannes soit la rampe de lancement des festivités marquant l’anniversaire de notre Mouvement. Quel meilleur lieu, quel meilleur moment pour démarrer ensemble cette célébration, à l’occasion de notre temps associatif annuel, rythmé par notre Assemblée générale, par des temps d’échanges et de visionnages ?

Les sujets ne manqueront pas après un premier trimestre terne en termes d’entrées : en moyenne, toutes les catégories de salle sont en baisse par rapport aux chiffres de 2024, reflétant une offre globale de films qui n’arrive pas à faire décoller le marché. Comme toujours dans ces cas-là, une vive inquiétude se fait entendre de la part des exploitant·es et les tensions sur les questions de concurrence et d’accès aux films sont exacerbées.

À ces tensions s’ajoute un glissement, observable depuis la réouverture des salles post-Covid, vers plus de programmations Art et Essai de la part des grands acteurs nationaux. Ayant perdu un grand nombre de films (notamment américains) et ne pouvant plus alimenter les nombreux écrans de leurs multiplexes, ils se reportent alors sur des films recommandés. L’équilibre est brisé et les salles historiques Art et Essai revendiquent avec raison leur antériorité sur le travail Art et Essai pour convaincre les distributeur·rices, une antériorité qui pourrait aussi être mieux prise en compte lors des médiations.

Dans le même temps, les éditeur·rices de films sont contraint·es par leur plan de sortie et des enjeux économiques de plus en plus importants. Nous avons pu aborder cette réalité avec les représentant·es des trois syndicats des éditeur·rices de films à travers deux temps de réunions, en présence de Laurence Franceschini, madame le Médiateur du cinéma.

Autre sujet : l’Éducation au cinéma et aux images, sur lequel l’AFCAE a été entendue par Édouard Geffray, dans le cadre de sa mission flash sur « Ma classe au cinéma ». Nous avons souligné, auprès du conseiller d’État et ancien directeur général de l’enseignement scolaire, la nécessité de faire découvrir les films en salle, l’importance du partenariat entre l’Éducation nationale et la Culture, la valeur d’un parcours fondé sur une sélection diversifiée de films, soigneusement choisie par les comités de sélection, ainsi que le rôle essentiel de la formation, tant pour les enseignant·es que pour le personnel des cinémas. Les dispositifs scolaires doivent rester d’une grande exigence
et s’articuler en bonne intelligence avec la part collective du pass Culture, cette dernière devant venir financer des ateliers pratiques ou encore compléter les séances des dispositifs avec des propositions additionnelles, portées par les salles et les associations territoriales.

Ce point est directement en lien avec la tribune co-signée avec l’Archipel des Lucioles à la suite du gel brutal des budgets du pass Culture. Je rappelle ici les demandes de l’AFCAE pour une meilleure utilisation de l’argent public : encadrement des tarifs proposés sur Adage et utilisation de la part collective uniquement sur des séances Art et Essai. Ces demandes sont parfaitement cohérentes avec le cahier des charges du dispositif, mais également avec les demandes portées par d’autres structures culturelles du monde de la musique, du théâtre, du spectacle vivant ou encore de l’édition.

Il me faut aussi être le porte-parole des inquiétudes qui remontent du groupe des Associations Territoriales (AT). En effectuant un travail précis d’inventaire des baisses des budgets des structures, le groupe des AT est en mesure de mieux mesurer l’effet domino délétère de la baisse des subventions des collectivités territoriales. Rappelons que le travail des AT est indispensable aux salles, notamment pour maintenir une qualité de programmation et d’animation, qui est demandée dans le cadre de la réforme Art et Essai. Enlever des moyens aux têtes de pont (AT, festivals, associations de médiation) résultera à termes à moins d’actions dans les salles et pour le public. Une disparité nationale qu’il faut éviter à tout prix.

Autre enjeu au cœur de notre actualité : la tenue des premières commissions régionales post-réforme du classement. Selon nos premières informations, les grands principes portés par l’AFCAE et inscrits dans la réforme semblent avoir été respectés, dont une meilleure mise en valeur du dossier d’animation, une prise en compte renforcée des territoires, ainsi qu’une reconnaissance accrue des actions menées en direction des 15-25 ans via le nouveau label.

C’est avec tous ces sujets, et d’autres encore, que nous accueillerons le nouveau président du CNC, M. Gaëtan Bruel, qui, j’en suis convaincu, aura à cœur de défendre le secteur de la diffusion et particulièrement celui de nos salles. Un entretien de deux pages lui est par ailleurs consacré dans ce Courrier. Nous lui souhaitons la bienvenue.

Cet éditorial marque officiellement le début des festivités des 70 ans du mouvement Art et Essai.
Alors, bon anniversaire à toutes et à tous !

Guillaume Bachy, président de l'AFCAE

Edito

Nous partîmes cinq…

… mais par un prompt renfort, nous nous vîmes 1 250 en arrivant à Cannes.

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