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Juillet-Août 2015

UNE PAGE SE TOURNE... ET LE LIVRE RESTE LE MÊME

Pendant plus de vingt ans, Patrick Brouiller, Alain Bouffartigue, Xavier Blom, Micheline Gardez et bien d’autres ont, dans le sillage de Jean Lescure, défendu l’intérêt général des salles et des films Art et Essai avec conviction, constance et efficacité. Dans une période de profondes mutations (développement des multiplexes, cartes illimitées, passage au numérique), ils ont su préserver l’unité et l’identité du mouvement Art et Essai, porter une parole politique forte, participer à la réforme Art et Essai et développer de nombreuses actions qui font aujourd’hui partie du quotidien des salles et des distributeurs. Ils nous lèguent un précieux héritage et notre première mission est à la fois de le préserver et le développer.

Les élections du Conseil d’administration en mai, puis celles du Bureau le 3 juin ont donné lieu à un changement important : une nouvelle présidence, mais également un Bureau presque entièrement renouvelé. En cette 60ème année d’activité de l’AFCAE, une page se tourne. Une page se tourne mais le livre reste le même. Nos valeurs et nos principes demeurent. Le souci permanent de servir l’intérêt général de TOUTES les salles adhérentes, dans un esprit de solidarité au sein de notre association et vis-à-vis de nos partenaires. Les principes : l’exception culturelle, la régulation comme clé de voûte du système français, l’aménagement culturel du territoire, l’éducation au cinéma, le dialogue permanent avec les pouvoirs publics. L’idée que la salle Art et Essai est un lieu de découverte, de partage, de débats qui participe à la diffusion des oeuvres et à l’épanouissement des publics. C’est là une réalité concrète, palpable, que nous sommes fiers de défendre.

À court terme, nous souhaitons nous engager sur quatre dossiers prioritaires. Celui des CNAC et de la concentration qui, malgré un marché en recul sensible, paraît irrésistible. Les propositions du rapport Lagauche doivent toutes s’appliquer. Il s’agit d’une question politique centrale, d’un choix de société. Le risque est grand de voir sacrifier le fruit de décennies de politique en faveur du cinéma, qu’un modèle dominant basé sur une logique consumériste finisse par être exclusif. Second point, le passage au numérique a entraîné une programmation à deux vitesses qui, malgré le travail de l’ADRC, relègue la petite exploitation au-delà de la 4ème semaine et pénalise gravement la majorité de nos adhérents, d’autant que le sujet concerne de plus en plus les villes moyennes et les salles de périphérie. Troisième point : la situation financière préoccupante de nombreux cinémas indépendants à Paris et en centre-ville des grandes agglomérations. Ces lieux constituent le socle des sorties nationales Art et Essai. Une réflexion est à engager rapidement pour renforcer leur viabilité. Enfin, la réduction des dotations budgétaires aux collectivités, doublée de changements de majorité, a pu donner lieu à des décisions arbitraires préoccupantes. Dans le contexte de morosité économique, il faut résister à la tentation contagieuse de la résignation. Par sa dimension, l’AFCAE a vocation à défendre les salles auprès des élus, à les sensibiliser aux spécificités de l’exploitation qu’ils méconnaissent trop souvent. Nous devons être force de propositions, montrer que nous sommes dans une dynamique constructive. Encore une fois, nos cinémas sont sources d’activité, d’animation, d’attractivité pour les territoires. Ils génèrent un lien social qui est tout sauf un luxe.

À moyen terme, les enjeux ne sont pas moins essentiels. Les comportements culturels des nouvelles générations ont été rapidement et radicalement bouleversés. Depuis 20 ans, malgré les dispositifs d’éducation au cinéma, un travail redoublé en faveur des plus jeunes, nous assistons à un vieillissement notoire du public. Dans nos actions, nos communications, la question du nécessaire renouvellement du public doit devenir un réflexe. Il faut engager avec nos partenaires professionnels et institutionnels une réflexion volontariste sur ce sujet.
L’AFCAE a acquis au fil des ans une belle notoriété auprès de la profession et des institutions mais son image publique reste floue. Au quotidien, nous cultivons dans l’ombre notre rapport aux oeuvres comme d’autres cultivent leur jardin : avec passion et patience. Mais qui le sait ? Nous porterons d’autant mieux notre parole politique que notre réseau et nos actions seront mieux valorisées auprès de nos spectateurs, de nos élus et des médias.

C’est le beau chantier à venir : assumer notre rôle politique, développer notre communication (notamment sur les réseaux sociaux), mettre en place de nouvelles actions, améliorer la visibilité de notre réseau et ce, dans une dynamique collective. C’est avec conviction et détermination que je souhaite me consacrer à ces objectifs. Je suis d’autant plus enthousiaste que cette envie est partagée collectivement au sein du Conseil d’administration. Une nouvelle « belle équipe » se met au travail.

Nous vous donnons comme premier rendez-vous le visionnement du Groupe Actions Promotion, ouvert à tous les adhérents, mercredi 9 et jeudi 10 septembre aux Sept Parnassiens à Paris.

François Aymé, Président de l’AFCAE

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