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Février 2015

AMÉNAGEMENT SOCIAL ET CULTUREL DU TERRITOIRE : ATTENTION DANGER !

La question d’une meilleure régulation des implantations de multiplexe devient une véritable Arlésienne qui, comme dans la nouvelle d’Alphonse Daudet, pourrait finir, par son absence, par provoquer des dommages irréversibles à l’aménagement culturel et social du territoire. Aménagement auquel le législateur, les pouvoirs publics et les professionnels ne cessent pourtant de se dire (éperdument) attachés…

Inscrit noir sur blanc dans la loi comme un but à atteindre grâce au maintien du pluralisme et de la diversité, réaffirmé et renforcé par la loi Pinel de juin 2014 qui a – partiellement – suivi les préconisations du rapport Lagauche, le principe est pourtant, en pratique, constamment bafoué. Déjà évoqué dans notre édito du mois de novembre 2014 (CAE n° 233, « Vent d’automne libéral »), puis dans nos actus du mois de décembre (CAE n° 234), nous devons encore en faire le triste constat. En effet, lors de sa réunion du 5 février, en dépit des recours de plusieurs collectivités, d’opérateurs et de la Médiatrice du cinéma, la Commission Nationale d’Aménagement Cinématographique (CNAC) a confirmé l’autorisation d’un nouveau multiplexe de 13 écrans et près de 2 400 places sur la commune de Bordeaux, exploité par l’une des premières enseignes nationales. Laquelle disposera ainsi de 31 salles dans une agglomération déjà suréquipée et soumise à une très forte concurrence ! Cette autorisation suit, qui plus est, celles intervenues, dans la même zone, au nord de la ville, d’un établissement de 7 écrans à Sainte Eulalie et d’un autre de 6 salles à Saint-André-de-Cubzac.

Cette nouvelle autorisation intervient après les décisions du mois de novembre ayant, à un jour d’intervalle, accepté l’extension du Pathé Belle-épine (20 écrans) et la création d’un nouveau cinéma de la même enseigne à Massy, à quelques kilomètres de distance.

Tout cela nous donne le sentiment que la régulation n’est plus qu’un vain mot, vidé de sa substance, alors qu’il est pourtant l’une des contreparties – légitimes – du système de soutien du CNC, dont bénéficient tous les exploitants, à commencer aujourd’hui par ceux qui détiennent les parts de marché les plus importantes. Et notre inquiétude grandit devant l’absence de réaction visible des pouvoirs publics. À cet égard, nous avons adressé, en décembre dernier, un courrier à la ministre de la Culture et de la Communication pour l’alerter sur les conditions dans lesquelles s’est tenue la réunion de la CNAC du mois de novembre 2014 concernant le projet de Massy et notre sentiment – sur la forme comme sur le fond – d’un simulacre de consultation. Sentiment partagé par l’ensemble des parties auditionnées (collectivités, exploitants, structures représentatives de salles de proximité et Art et Essai). Ce courrier est, à ce jour, resté sans réponse…

Pourtant, l’aménagement culturel du territoire n’est pas une notion abstraite qu’on peut tordre en tous sens comme le souhaiteraient volontiers quelques promoteurs immobiliers. Il constitue bel et bien une réalité qui s’est construite, patiemment, sur plus de cinquante ans, grâce à l’implication de professionnels convaincus et d’une volonté publique forte – sans cesse renouvelée jusque là – de l’État, du CNC et de nombreuses collectivités, toutes tendances politiques confondues. Il est la source de nombreux emplois sur l’ensemble du territoire qui visent à préserver et développer une vie sociale et culturelle dans des lieux où une logique exclusivement économique conduirait à le détruire.
À l’heure des Assises du cinéma, les dernières décisions de la CNAC vont à l’encontre de la volonté affichée des professionnels et de l’autorité de tutelle d’une meilleure exposition de toutes les œuvres. Elles risquent au contraire, à terme, d’appauvrir la diversité et la pluralité de l’offre, ainsi que l’économie des salles qui font ce travail sur le territoire ; elles mettent en péril les emplois qui y sont associés et la diffusion culturelle par le film.

Patrick Brouiller, président de l’AFCAE.

Edito

De l’investissement à la récompense

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