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Art et Essai : l'AFCAE répond à Mk2

29 Septembre 2015

Suite aux entretiens de M. Nathanaël Karmitz dans Le Film Français (25.09.15) et Le Figaro (28.09.15) dans lesquels la société MK2 critique violemment les aides du Centre national du cinéma (CNC) apportées aux salles Art et Essai, l’Association Française des Cinémas d’Art et Essai souhaite exprimer son indignation et en revenir aux faits et aux véritables enjeux.

Depuis 2002 (date de la dernière réforme de classement Art et Essai), une demi-douzaine de cinémas du réseau MK2 sont classés et le circuit parisien perçoit une subvention globale significative sans que M. Karmitz n’y ait jamais trouvé à redire. Que s’est-il donc passé en 2015 ? Réponse : le CNC a intégré une nouvelle demande d’information concernant le montant des recettes annexes, dont la facturation aux distributeurs de films du passage des bandes annonces, recette considérée par certains comme des marges arrières. Cette demande fait suite à la concertation de l’ensemble de la filière dans le cadre des Assises du cinéma.

Contrairement aux 1 148 cinémas classés Art et Essai, MK2 a refusé de communiquer ses chiffres, pensant sans doute être au-dessus des règles. Tous les cinémas sont égaux devant le CNC mais certains le seraient plus que d’autres. Mais la commission de classement a appliqué légitimement une minoration aux cinémas MK2 concernés et, pour deux d’entre eux, cela a provoqué leur sortie de classement. La société MK2 pouvait faire appel de cette décision. Elle n’en a rien fait.

En résumé, Nathanaël Karmitz demande à la Ministre de la Culture et de la Communication et à la Présidente du CNC de mettre de l’ordre dans l’organisation des aides mais refuse de se plier à la règle ; il réclame plus de transparence mais refuse d’en appliquer le principe pour ses propres salles. Il en appelle à la défense de l’intérêt général mais déploie un zèle redoutable à défendre ses intérêts particuliers.

De dépit, Nathanaël Karmitz jette le discrédit et la suspicion sur tout un système. Un système qui aurait tous les défauts du monde : opaque, obsolète, corporatiste. Et pourtant, c’est un modèle que nous envient tous les pays européens. L’Art et Essai est même l’un des biens les plus précieux de la filière cinéma. Il n’y a qu’en France où des films comme Timbuktu, Une Séparation peuvent être projetés jusque dans les plus petites communes et rencontrer un million de spectateurs. L’Art et Essai en France, c’est plus de 600 cinémas qui travaillent en direction des enfants, c’est un million de spectateurs par semaine qui vont voir des films d’auteurs, c’est plus de 20% de part de marché quand la proportion est inférieure à 15% dans les autres pays européens. C’est l’héritage d’une forte tradition cinéphile alliée à une régulation intelligente du CNC. Les vertus du système de classement sont simples et éprouvées : appliquer des barèmes qui tiennent compte du potentiel de chaque lieu, évaluer le travail sur un plan quantitatif (proportion de séances Art et Essai) et qualitatif (travail d’animation, d’éducation au cinéma…) et graduer les aides (de 1 000 à 100 000  euros par établissement) afin d’inciter concrètement chaque cinéma à diffuser plus et mieux d’Art et Essai.

Est-ce pour autant que le système est parfait ? Il est chaque année réexaminé et ajusté par un comité de pilotage ad hoc. Ce souci de précision l’a rendu complexe et il manque de lisibilité. Dans le même temps, l’avenir de l’Art et Essai ne saurait se réduire à la seule question du classement des salles. Changements radicaux des comportements culturels, développement de la concentration du secteur, image floue auprès des spectateurs, difficulté de renouvellement du public… Autant de défis à relever.
Dans les prochains mois, nous engagerons la réflexion et les actions qui nous semblent nécessaires dans l’intérêt général des films, des salles, sans oublier celui des publics et des territoires.

François Aymé,
Président de l’Association Française des Cinémas d’Art et Essai

Edito

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