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D’une prise de conscience à l’autre

Cette fichue pandémie semble bien être derrière nous. Enfin !
En revanche, le développement massif des plateformes de streaming, les changements de comportements des spectateurs et les changements de stratégie des majors sont devant nous. Et pour longtemps. Une nouvelle fois, l’exploitation doit affronter une nouvelle concurrence et cette fois-ci elle est colossale. Des rudes difficultés, notre profession en a déjà connues. Rappelons-nous les années 1980. En une décennie, la fréquentation plonge de plus de 202 millions d’entrées (1982) à 116 (en 1992). Un gouffre. Les salles ont pris de plein fouet l’arrivée de Canal+, de La Cinq, de M6 et des VHS ! Et puis, avec les pouvoirs publics, elles se sont ressaisies. Elles ont pris conscience de certaines de leurs erreurs. Elles avaient oublié certaines choses... essentielles. Par exemple, qu’il fallait qu’un cinéma soit confortable ! Que ce n’était pas parce que l’on mettait beaucoup de fauteuils dans une salle que l’on garantissait forcément un nombre important de spectateurs. Et qu’au contraire, il valait mieux sacrifier quelques rangées pour que les cinéphiles puissent allonger leurs jambes ou ne pas être gênés par la tête de celui qui était devant. Que faire attendre pendant des mois interminables les petites communes pour qu’elles aient enfin accès à des copies 35 mm en lambeaux n’était peut- être pas la meilleure idée qui soit. Qu’avoir les quatre objectifs de chaque format cinéma pour chaque écran permettait de projeter le film dans son intégrité. Qu’avoir des halls étriqués avec des caisses à hygiaphone n’était pas non plus la meilleure politique d’accueil qui soit. Que le cinéma était sans doute un peu trop cher. Que dans une société de l’image, il n’était sans doute pas incongru que les élèves puissent bénéficier d’une éducation à ces images. Que pour défendre les films et la pluralité, il ne fallait sans doute pas seulement s’en remettre à la loi du plus fort. Et que finalement, avoir un cinéma dans une petite commune, c’était une sacrée animation quotidienne, et que cela, on ne le défendait pas suffisamment. Voilà, pendant ces années de dégringolade, on aurait pu céder à une forme de résignation. Il n’en fut rien.Au contraire, on assista à une prise de conscience, à une série de décisions politiques impressionnantes rétrospectivement et à la mise en place de nouvelles stratégies volontaristes des professionnels. Qu’on en juge, pendant ces années 1980 puis 1990, on assiste à la création de la Fête du cinéma, de l’ADRC, du Médiateur du cinéma, puis de Collège au cinéma, suivi d’École et cinéma et Lycéens et apprentis au cinéma, à l’implication massive des communes. Et surtout à une rénovation privée et publique du parc de salles avec des nouvelles normes de confort, une meilleure accessibilité des lieux, des formules d’abonnement, le développement des animations et de la communication.

François Aymé
Président de l'AFCAE

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